On m’a récemment invité à répondre à la question : « Comment créer de l’enchantement pour permettre à celles et ceux qui sont placées à la tête d’équipes ou de projets de rêver et de faire rêver ? ».
Voici un résumé de quelques réflexions décrivant mes idées sur la façon dont un manager, confronté à la nécessité de s’adapter à un monde mouvant et complexe, pouvait trouver les ressources nécessaires pour mobiliser et avancer.
C’est bien de leadership dont il s’agit et je voudrais partager ce en quoi je crois pour tenter de relever ce défi.
Je pense qu’il y a d’abord ce que l’on pourrait appeler, comme le disent les rugbymen, des fondamentaux qui permettent de décrire et comprendre le contexte dans lequel nous évoluons ; de trouver les recettes pour être en accord avec soi-même ; des principes qui donnent la clé pour transformer l’autorité statutaire en autorité reconnue ; des comportements qui permettent de créer autour de soi les conditions pour faire naître l’envie, la passion, le rêve en prenant la mesure du monde qui nous entoure.
Ces fondamentaux s’appuient sur la connaissance comme F. Bacon l’évoque dans ses méditations religieuses au 16° siècle : « la connaissance est en elle-même puissance »……
Connaissance de son environnement professionnel bien sûr, de son entreprise avec tout ce qui s’y rattache, les valeurs, la culture d’entreprise, l’histoire… ce qui forge l’âme dirons-nous et devient source d’inspiration. Mais aussi connaissance précise d’une mission clairement définie, au profit d’une vision partagée et dans le cadre d’une stratégie connue de chacun.
C’est aussi de culture générale dont il s’agit, merveilleux outil d’aide à la décision, puissant levier de mise en perspective. Trop souvent délaissée dans un monde, dit moderne, la culture générale permet de développer une pensée critique et d’apporter une grille de lecture différente, pertinente pour dépasser les clichés.
La connaissance de l’autre est aussi fondamentale. L’autre c’est la hiérarchie, le collaborateur, le client et ceux dont on a la responsabilité. Sans une qualité d’écoute active voire globale, sans prendre le temps d’analyser les points de vue différents, les relations sont beaucoup plus difficiles à appréhender et à comprendre. Ce n’est que du bon sens….. encore une fois. Mais faut-il bien vouloir y consacrer du temps.
Puis il y a la connaissance de soi, ce qui est peut être le plus difficile. « Qui connaît les autres est instruit. Qui se connaît est sage. » écrit Lao Tseu. Connaître ses forces, ses marges de progression, la façon dont on est perçu, ses limites, physiques, intellectuelles voire psychologiques, paraît enfin indispensable.
Une fois ce paysage décrit et supposé maitrisé, il convient d’y ajouter une touche personnelle. Ce plus qui fait d’un plat ordinaire quelque chose de savoureux voire d’exquis.
Je l’appelle le « credo ». Celui-ci repose sur des valeurs. Les vraies valeurs, pas celles que nous croyons avoir, mais celles sur lesquelles repose notre équilibre, celles qui constituent notre force et nous permettent de nous nourrir.
L’expérience m’a montré que vouloir diriger des hommes et les faire adhérer à des projets ne peut se faire sans les aimer. C’est sans aucun doute cette valeur forte autour du don de soi, tournée vers l’autre, qui fait naître ce sentiment de réelle sollicitude, de bienveillance mutuelle et donne naissance à l’esprit d’équipe, appelé fraternité d’armes ou esprit de corps dans d’autres univers….
Je ne développerai pas ici d’autres valeurs qui me semblent indispensables comme l’exemplarité, l’intégrité ou la reconnaissance, par exemple. Mais je souhaiterais évoquer l’indépendance.
Je parle ici de cette valeur puissance qui nourrit la curiosité, permet de voir les choses différemment et de sortir des sentiers battus. Dans un monde normé, régulé par des processus, elle devient ce petit grain de sel qui rend créatif et enthousiaste. Et nous le savons tous, une personne enthousiaste n’est jamais seule….
Tout ceci relève du bon sens, pourrait-on dire. Mais est-ce encore d’actualité au moment où les plus jeunes générations fonctionnent sur des modes différents, plus collaboratifs, plus associatifs ; où la notion de « verticalité » s’est peu à peu estompée au profit d’une approche matricielle ; enfin où le principal processus décisionnel repose sur la recherche du consensus ?
Je le pense car il y a une demande claire de leadership. Dans une société où l’individualisme conserve toute sa place, protecteur des avantages acquis et force considérable de résistance au changement, il y a une place de choix pour celles et ceux qui veulent montrer autre chose. Par exemple que si le verre est à moitié vide, il est aussi à moitié plein, que des situations de crises sont aussi des opportunités, que pouvoir surmonter ses craintes est une force et enfin, comme le dit Sénèque, que « ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, mais parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles »
Les gagnants seront les rêveurs qui n’auront jamais cédé (N. Mendela) et ceux qui auront fait preuve d’agilité et de discernement.
P.DESJARDINS
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